Contribution d’Hubert Védrine à l’ouvrage bilingue L’appel des pôles/The call of the poles réalisé par l’ONG Le Cercle Polaire et réunissant les contributions de 100 personnalités issues de 50 pays.

L’humanité doit d’urgence transformer le mode de développement prédateur et suicidaire dans lequel elle s’est engagée tête baissée

Depuis toujours par goût personnel, j’ai été sensible à la beauté, à la fragilité et à la nécessaire préservation des espaces naturels, hautes montagnes, forêts, déserts, landes, banquise. Ce qui n’était au départ qu’une sensibilité individuelle est devenu avec le temps et la révélation de la situation écologique de la planète une conviction: l’humanité doit d’urgence transformer le mode de développement prédateur et suicidaire sur lequel elle s’est engagée tête baissée en un «développement durable». Le slogan s’est imposé bien avant le fait!
Il s’agit en somme de donner un contenu réel au concept de croissance écologique, ce qui devrait pouvoir être fait en dix à quinze années de transition par une combinaison appropriée de mesures juridiques et fiscales, de percées scientifiques, de novations économiques, d’accompagnement, de guidage politique et de pédagogie. Sans attendre, de nouvelles mesures de protection doivent être prises pour préserver l’avenir. C’est le cas notamment pour la région de l’Arctique: le réchauffement du climat et le recul de la banquise vont en faire une voie de transit Europe/Asie de plus en plus utilisée. Les importantes ressources de son sous-sol vont faire l’objet d’une exploitation facilitée, qui pourrait devenir effrénée en dépit des coûts faramineux et des difficultés techniques. Cela pourrait s’avérer ravageur pour l’environnement arctique et les équilibres globaux.
Le grand mérite de l’ONG le Cercle Polaire est d’avoir étudié sérieusement et méthodiquement ce que pourrait être un Traité relatif à la protection de l’environnement arctique, s’inspirant de l’existence du Traité sur l’Antarctique, mais tenant compte des spécificités de l’Arctique. Ils ont conçu un régime de notification et d’évaluation préalable d’impact des activités, nécessairement pacifiques, dans la zone couverte par le Traité, et un régime de contrôle international à travers divers Commissions et Comités. Le but est que les activités autorisées soient encadrées de façon à ce qu’il ne soit porté atteinte ni à l’environnement naturel, ni aux droits et intérêts des peuples indigènes de l’Arctique.
Je forme ici le souhait que l’initiative du Cercle Polaire provoque une prise de conscience, qu’un maximum d’organismes, d’associations, d’ONG se saisissent de ce projet, que le principe d’un Traité soit retenu, que soit déclenché un processus sérieux de négociations intergouvernementales…et qu’elles aboutissent, en dépit des oppositions qui ne manqueront pas de se manifester pour faire prévaloir une exploitation classique -nationale,concurrentielle et financière – c’est-à-dire abusive et dangereuse de cette partie unique et sensible de notre planète.

Humanity must urgently cast aside the predatory and suicidal growth model it has blindly adopted

I have always been touched by the beauty and fragility of nature, and the need to preserve it – mountain peaks, forests, deserts, moors and pack ice. What began as a very personal view has become, with the passing of time and the revelation of the ecological situation facing the planet, a conviction: humanity must urgently cast aside the predatory and suicidal growth model it has blindly adopted in favour of “sustainable development”. The slogan imposed itself long before the reality!
We need to give real substance to the concept of ecological growth, which we should be able to achieve in the next ten to fifteen years by an appropriate blend of legal and fiscal measures, scientific breakthroughs, economic innovation, accompaniment, political guidance and patient explanation.
Without waiting, new protective measures must be taken to preserve the future. This is especially so for the Arctic region: climate change and the shrinking of the pack ice will promote its use as a passage between Europe and Asia. The region’s wealth of mineral resources will be easier to exploit, and the race to mine them could take off despite the huge costs and technical difficulties involved. This could cause untold damage to the Arctic environment and to global balances.
The great merit of the NGO Le Cercle Polaire is to have taken a serious and methodical look at what a treaty on the protection of the Arctic environment could look like, on the model of the Antarctic Treaty, but taking into account the specific issues facing the Arctic. It has drawn up a plan for the notification and prior assessment of the impact of activities, of necessity peaceful, in the zone covered by the treaty, and a system of international control by means of various Commissions and Committees. The goal is for activities permitted in the region to be overseen so as to prevent harm to the natural environment and to the rights and interests of the Arctic’s indigenous peoples.
I would like to express the hope that the initiative of Le Cercle Polaire fosters awareness, that as many organisations, associations and NGOs as possible lend their support this project, that the idea of a treaty becomes generally accepted, thereby setting off a process of intergovernmental negotiations, and that these negotiations are a success, despite the pressure that will inevitably be made in favour of the classic exploitation – national, competitive and financial, or in other words abusive and dangerous – of this unique and fragile part of our planet.

Contribution d’Hubert Védrine à l’ouvrage bilingue L’appel des pôles/The call of the poles réalisé par l’ONG Le Cercle Polaire et réunissant les contributions de 100 personnalités issues de 50 pays.

Hubert Vedrine

Contribution d’Hubert Védrine à l’ouvrage bilingue L’appel des pôles/The call of the poles réalisé par l’ONG Le Cercle Polaire et réunissant les contributions de 100 personnalités issues de 50 pays.

L’humanité doit d’urgence transformer le mode de développement prédateur et suicidaire dans lequel elle s’est engagée tête baissée

Depuis toujours par goût personnel, j’ai été sensible à la beauté, à la fragilité et à la nécessaire préservation des espaces naturels, hautes montagnes, forêts, déserts, landes, banquise. Ce qui n’était au départ qu’une sensibilité individuelle est devenu avec le temps et la révélation de la situation écologique de la planète une conviction: l’humanité doit d’urgence transformer le mode de développement prédateur et suicidaire sur lequel elle s’est engagée tête baissée en un «développement durable». Le slogan s’est imposé bien avant le fait!
Il s’agit en somme de donner un contenu réel au concept de croissance écologique, ce qui devrait pouvoir être fait en dix à quinze années de transition par une combinaison appropriée de mesures juridiques et fiscales, de percées scientifiques, de novations économiques, d’accompagnement, de guidage politique et de pédagogie. Sans attendre, de nouvelles mesures de protection doivent être prises pour préserver l’avenir. C’est le cas notamment pour la région de l’Arctique: le réchauffement du climat et le recul de la banquise vont en faire une voie de transit Europe/Asie de plus en plus utilisée. Les importantes ressources de son sous-sol vont faire l’objet d’une exploitation facilitée, qui pourrait devenir effrénée en dépit des coûts faramineux et des difficultés techniques. Cela pourrait s’avérer ravageur pour l’environnement arctique et les équilibres globaux.
Le grand mérite de l’ONG le Cercle Polaire est d’avoir étudié sérieusement et méthodiquement ce que pourrait être un Traité relatif à la protection de l’environnement arctique, s’inspirant de l’existence du Traité sur l’Antarctique, mais tenant compte des spécificités de l’Arctique. Ils ont conçu un régime de notification et d’évaluation préalable d’impact des activités, nécessairement pacifiques, dans la zone couverte par le Traité, et un régime de contrôle international à travers divers Commissions et Comités. Le but est que les activités autorisées soient encadrées de façon à ce qu’il ne soit porté atteinte ni à l’environnement naturel, ni aux droits et intérêts des peuples indigènes de l’Arctique.
Je forme ici le souhait que l’initiative du Cercle Polaire provoque une prise de conscience, qu’un maximum d’organismes, d’associations, d’ONG se saisissent de ce projet, que le principe d’un Traité soit retenu, que soit déclenché un processus sérieux de négociations intergouvernementales…et qu’elles aboutissent, en dépit des oppositions qui ne manqueront pas de se manifester pour faire prévaloir une exploitation classique -nationale,concurrentielle et financière – c’est-à-dire abusive et dangereuse de cette partie unique et sensible de notre planète.

Humanity must urgently cast aside the predatory and suicidal growth model it has blindly adopted

I have always been touched by the beauty and fragility of nature, and the need to preserve it – mountain peaks, forests, deserts, moors and pack ice. What began as a very personal view has become, with the passing of time and the revelation of the ecological situation facing the planet, a conviction: humanity must urgently cast aside the predatory and suicidal growth model it has blindly adopted in favour of “sustainable development”. The slogan imposed itself long before the reality!
We need to give real substance to the concept of ecological growth, which we should be able to achieve in the next ten to fifteen years by an appropriate blend of legal and fiscal measures, scientific breakthroughs, economic innovation, accompaniment, political guidance and patient explanation.
Without waiting, new protective measures must be taken to preserve the future. This is especially so for the Arctic region: climate change and the shrinking of the pack ice will promote its use as a passage between Europe and Asia. The region’s wealth of mineral resources will be easier to exploit, and the race to mine them could take off despite the huge costs and technical difficulties involved. This could cause untold damage to the Arctic environment and to global balances.
The great merit of the NGO Le Cercle Polaire is to have taken a serious and methodical look at what a treaty on the protection of the Arctic environment could look like, on the model of the Antarctic Treaty, but taking into account the specific issues facing the Arctic. It has drawn up a plan for the notification and prior assessment of the impact of activities, of necessity peaceful, in the zone covered by the treaty, and a system of international control by means of various Commissions and Committees. The goal is for activities permitted in the region to be overseen so as to prevent harm to the natural environment and to the rights and interests of the Arctic’s indigenous peoples.
I would like to express the hope that the initiative of Le Cercle Polaire fosters awareness, that as many organisations, associations and NGOs as possible lend their support this project, that the idea of a treaty becomes generally accepted, thereby setting off a process of intergovernmental negotiations, and that these negotiations are a success, despite the pressure that will inevitably be made in favour of the classic exploitation – national, competitive and financial, or in other words abusive and dangerous – of this unique and fragile part of our planet.

source:https://www.hubertvedrine.net Homepage > Publications > Contribution d’Hubert Védrine à l’ouvrage bilingue L’appel des pôles/The call of the poles réalisé par l’ONG Le Cercle Polaire et réunissant les contributions de 100 personnalités issues de 50 pays.
15/12/2008