Un nouveau regard

Il est frappant en ce début d’année 2004, de constater à quel point François Mitterrand redevient, dans les débats sur l’Europe, une référence y compris pour ceux, à gauche, qui avaient cru opportun ces dernières années de se démarquer de lui ou de feindre l’oubli. Frappant mais pas surprenant. Sa vision d’une France forte dans une Europe forte, sa persévérance, ses audaces, la force de qui apparaît avec le recul comme un «triangle magique» Mitterrand, Kohl, Delors, son habilité multiforme, sa force d’entraînement, tout cela ne peut, aujourd’hui, que frapper les esprits. A Jarnac le 8 janvier, lors des cérémonies anniversaires nous avons médité sur ce travail silencieux mais puissant de décantation et de remise en perspective qu’entraînent les années qui passent et qui remet François Mitterrand à sa juste place.

C’est aussi parce que François Mitterrand fut, cinquante ans durant, de la commune à la Nation, l’incarnation même de l’élu dans toutes ses dimensions que nous allons nous placer sous son égide lors d’un colloque à l’automne prochain, pour nous demander de façon volontairement provocante si «notre société a encore besoin d’élus?» Avec la construction européenne, la décentralisation, la pression médiatique, le rôle des représentants de la société civile, la judiciarisation de tant d’activités, la désaffection envers la politique, l’inspiration à une démocratie participative voire même directe, la contestation de la démocratie représentative, quel autre rôle conservent les élus – mis à part quelques grands élus régionaux ou grands maires – que de manifester leur compassion, d’écouter, de se concerter, d’enregistrer les contradictions sociales, de faire des annonces et de servir de boucs émissaires?

On peut discuter ce constat. On peut refuser cette évolution et vouloir réaffirmer ou refonder le rôle irremplaçable des élus dans une démocratie moderne, dans la République et dans l’Europe. Encore faut-il en parler! Dans cette perspective et pour préparer nos réflexions, vous trouverez dans ce numéro un certain nombre de témoignages très éclairants des artisans de la grande lois de décentralisation de 1982.

Un nouveau regard

Hubert Vedrine

Un nouveau regard

Il est frappant en ce début d’année 2004, de constater à quel point François Mitterrand redevient, dans les débats sur l’Europe, une référence y compris pour ceux, à gauche, qui avaient cru opportun ces dernières années de se démarquer de lui ou de feindre l’oubli. Frappant mais pas surprenant. Sa vision d’une France forte dans une Europe forte, sa persévérance, ses audaces, la force de qui apparaît avec le recul comme un «triangle magique» Mitterrand, Kohl, Delors, son habilité multiforme, sa force d’entraînement, tout cela ne peut, aujourd’hui, que frapper les esprits. A Jarnac le 8 janvier, lors des cérémonies anniversaires nous avons médité sur ce travail silencieux mais puissant de décantation et de remise en perspective qu’entraînent les années qui passent et qui remet François Mitterrand à sa juste place.

C’est aussi parce que François Mitterrand fut, cinquante ans durant, de la commune à la Nation, l’incarnation même de l’élu dans toutes ses dimensions que nous allons nous placer sous son égide lors d’un colloque à l’automne prochain, pour nous demander de façon volontairement provocante si «notre société a encore besoin d’élus?» Avec la construction européenne, la décentralisation, la pression médiatique, le rôle des représentants de la société civile, la judiciarisation de tant d’activités, la désaffection envers la politique, l’inspiration à une démocratie participative voire même directe, la contestation de la démocratie représentative, quel autre rôle conservent les élus – mis à part quelques grands élus régionaux ou grands maires – que de manifester leur compassion, d’écouter, de se concerter, d’enregistrer les contradictions sociales, de faire des annonces et de servir de boucs émissaires?

On peut discuter ce constat. On peut refuser cette évolution et vouloir réaffirmer ou refonder le rôle irremplaçable des élus dans une démocratie moderne, dans la République et dans l’Europe. Encore faut-il en parler! Dans cette perspective et pour préparer nos réflexions, vous trouverez dans ce numéro un certain nombre de témoignages très éclairants des artisans de la grande lois de décentralisation de 1982.

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01/12/2003