François Mitterrand et l’Italie

Un soir de février 1982 à la Villa Madonna à Rome, lors de sa première visite officielle en Italie en tant que Président, François Mitterrand n’en finissait pas de conclure son toast. Il était tard, mais il était si visiblement heureux d’être à Rome qu’il prolongeait sans cesse ce moment de retrouvailles et de ferveur. On le sentait gourmand d’Italie, il y respirait, avidement un parfum d’évasion, de liberté, de plaisirs, de romanesque. Nous avons eu envie d’évoquer cette histoire là, ce que cette Italie choisie et réinventée avait signifié pour le jeune ministre et plus tard pour le Président.

Nous devons ce dossier exceptionnel sur François Mitterrand et l’Italie et ces témoignages rares à Jean Musitelli. Comme à lui des souvenirs me reviennent. Le bruit de nos pas, l’écho de nos voix, les rues, les ponts, les places autour des puits de Venise dans Venise endormie, lors de longues déambulations et conversations nocturnes, (avec le Président) après les dîners de travail du G7 de 1987. Des flâneries, d’autres fois, où le long de canaux excentrés nous achetions pour lui de petits artichauts violets à croquer en marchant. Et les stations devant tel ou tel tableau qu’il voulait revoir. Ou à Milan, les séances au Costelle Sforzesco lors du Conseil européen en 1985. Ou encore la marche sous les arcades de Bologne. Et plusieurs fois, les incomparables Tartuffo place Navonne à Rome récompenses de longues déambulations. Et ses explications à ses hôtes sur le Rosso et le Primatice lors du Conseil européen au château de Fontainebleau en juin 1984.

On verra dans ces pages qu’il y est aussi beaucoup question de politique et que François Mitterrand, tout engagé qu’il fut dans ces années là. dans sa relation centrale avec Helmut Kohl, n’a jamais négligé l’Italie. Ni aucun de ses autres partenaires européens, d’ailleurs. A méditer.

PS: On lit et on entend beaucoup ces temps-ci de partisans du oui, ou du non, au sein du Parti socialiste, invoquer François Mitterrand à l’appui de leur thèse. Cela n’a pas grand sens, ne serait ce que parce qu’il aurait très certainement négocié autrement Amsterdam et Nice et la suite et que le nouveau Traité, s’il avait fallu un nouveau Traité, se présenterait par conséquent autrement. Alors qui peut savoir? Chacun de nous est libre.

François Mitterrand et l’Italie

Hubert Vedrine

François Mitterrand et l’Italie

Un soir de février 1982 à la Villa Madonna à Rome, lors de sa première visite officielle en Italie en tant que Président, François Mitterrand n’en finissait pas de conclure son toast. Il était tard, mais il était si visiblement heureux d’être à Rome qu’il prolongeait sans cesse ce moment de retrouvailles et de ferveur. On le sentait gourmand d’Italie, il y respirait, avidement un parfum d’évasion, de liberté, de plaisirs, de romanesque. Nous avons eu envie d’évoquer cette histoire là, ce que cette Italie choisie et réinventée avait signifié pour le jeune ministre et plus tard pour le Président.

Nous devons ce dossier exceptionnel sur François Mitterrand et l’Italie et ces témoignages rares à Jean Musitelli. Comme à lui des souvenirs me reviennent. Le bruit de nos pas, l’écho de nos voix, les rues, les ponts, les places autour des puits de Venise dans Venise endormie, lors de longues déambulations et conversations nocturnes, (avec le Président) après les dîners de travail du G7 de 1987. Des flâneries, d’autres fois, où le long de canaux excentrés nous achetions pour lui de petits artichauts violets à croquer en marchant. Et les stations devant tel ou tel tableau qu’il voulait revoir. Ou à Milan, les séances au Costelle Sforzesco lors du Conseil européen en 1985. Ou encore la marche sous les arcades de Bologne. Et plusieurs fois, les incomparables Tartuffo place Navonne à Rome récompenses de longues déambulations. Et ses explications à ses hôtes sur le Rosso et le Primatice lors du Conseil européen au château de Fontainebleau en juin 1984.

On verra dans ces pages qu’il y est aussi beaucoup question de politique et que François Mitterrand, tout engagé qu’il fut dans ces années là. dans sa relation centrale avec Helmut Kohl, n’a jamais négligé l’Italie. Ni aucun de ses autres partenaires européens, d’ailleurs. A méditer.

PS: On lit et on entend beaucoup ces temps-ci de partisans du oui, ou du non, au sein du Parti socialiste, invoquer François Mitterrand à l’appui de leur thèse. Cela n’a pas grand sens, ne serait ce que parce qu’il aurait très certainement négocié autrement Amsterdam et Nice et la suite et que le nouveau Traité, s’il avait fallu un nouveau Traité, se présenterait par conséquent autrement. Alors qui peut savoir? Chacun de nous est libre.

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01/12/2004