Confédération générale des planteurs de betteraves

1) L’agriculture et la mondialisation, les fondamentaux.
Il semble qu’on puisse arriver à produire 70% de plus, d’ici à 2050, pour nourrir 9 milliards d’habitants, mais il faudra y parvenir malgré:
– Les surfaces consacrées au bioéthanol, même si elles sont en réalité faibles.
– L’artificialisation des solsqui fait disparaître tous les 7 ans l’équivalent d’un département français au moins.
– Les risques de pénurie d’eau dans certaines régions du monde.
– L’obligation inéluctable de polluer moins.
– Les risques de la spéculation financière sur les productions agricoles (qui sera interdit en France par la loi de réforme bancaire et financière) et donc de volatibilité des prix.
2) La géopolitique agricole s’inscrit dans la géopolitique générale
Il n’y a pas encore de «communauté internationale» mais un monde multipolaire instable, une compétition généralisée avec peu de règles et le poids exorbitant des marchés.
– La géopolitique agricole met en compétition quelques puissances très productrices et exportatrices (d’abord le Brésil mais aussi plusieurs autres émergents de taille moyenne) avec les producteurs classiques et place sous pression les producteurs européens et en particulier français, et la PAC elle-même.
– Ajoutons à cela le goût croissant pour le sucré en Asie et le débat sucre/ santé publique.

3) Donc pour vous, les principaux enjeux sont clairs
– La bataille du budget 2013-2020, ce qui comprend la défense de la PAC contre ses adversaires externes (groupe de Cairns, créé en Australie – il y a 25 ans– avec l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’ Amérique Latine; mais aussi la Thaïlande; et l’OMC en général). Et internes: la Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark, des ONG anti-productivistes, etc…
– Il faudra tenir compte aussi de Barroso et du commissaire Dacian Solios.
Au final, la PAC sera préservée, mais réformée avec une part moins importante du budget. La pression pour l’écologisation et donc pour une agriculture plus raisonnée sera croissante, c’est inéluctable. C’est un peu enjeu majeur pour la France, il lui faudra des alliés.

– Votre enjeu, c’est ensuite le retour (ou l’entrée) sur le marché mondial, peut être dès 2015 (c’est la position de la commission) dans le meilleur des cas, et en 2020 au plus tard (position du Conseil et du Parlement).
J’ai entendu tout à l’heure que votre profession en est consciente et s’y prépare.

– Dans ce monde de 2015-2020, où vous serez sur le marché mondial, quel sera-t-il?
– Ce sera toujours la compétition sur tous les plans mais elle sera peut être un peu plus régulée à la fois entre pôles, et générale (il y a des dizaines d’émergents).
– Les États-Unis seront toujours numéro 1, mais sous pression.
La Chine sera en mutation, plus ou moins contrôlée.
Le Brésil et l’Inde sont ambitieux, mais jusqu’oùau-delà de leur région?
Beaucoup d’autres émergents moyens et petits…
Le Japon sera toujours là.
La Russie sera toujours incertaine entre surnageant et émergent.
L’Europe sera toujours incertaine (zone euro plus organisée, mais pas de vrai fédéralisme, plutôt une «fédération d’États nations»).
L’Afrique connaîtra un développement rapide, plus ou moins anarchique.
La position idéale pour les occidentaux: un accord entre européens, puis avec les États-Unis, et avec un ou deux émergents sur chaque sujet, au cas par cas pour éviter la coalition des émergents.
Conclusion
– Le monde ouvert est irréversible, mais cette ouverture peut comporter plus de règles commerciales, sociales, financières, écologiques, etc…
Il y aura toujours une PAC, mais avec un budget réduit et donc l’obligation d’être très compétitifs dans la production, la transformation et l’exportation.
– Cela devrait vous conduire à prospecter les marchés extérieurs, à conduire des alliances, y compris au Brésil (Certains d’entre vous le font déjà). Je ne peux que vous encourager dans cette voie.
Un dernier mot sur l’écologisation: elle est, je le répète, inéluctable. Elle concernera l’agriculture comme l’industrie, les transports, l’habitat, etc.…). La pression sera de plus en plus forte, de plus en plus contraignante (peut être trop?). Mais le mieux pour vous est de vous adapter, voire d’anticiper, car tôt ou tard le degré d’écologisation deviendra un facteur de compétitivité internationale.
Vous faites parties des atouts de la France.
Espérons que l’Europe, qui n’est souvent pas assez consciente de ses intérêts et de ses atouts, sera plus lucide, et que les pouvoirs publics vous apporteront le soutien nécessaire.
La France a intérêt à ce que vous soyez forts.

Confédération générale des planteurs de betteraves

Hubert Vedrine

Confédération générale des planteurs de betteraves

1) L’agriculture et la mondialisation, les fondamentaux.
Il semble qu’on puisse arriver à produire 70% de plus, d’ici à 2050, pour nourrir 9 milliards d’habitants, mais il faudra y parvenir malgré:
– Les surfaces consacrées au bioéthanol, même si elles sont en réalité faibles.
– L’artificialisation des solsqui fait disparaître tous les 7 ans l’équivalent d’un département français au moins.
– Les risques de pénurie d’eau dans certaines régions du monde.
– L’obligation inéluctable de polluer moins.
– Les risques de la spéculation financière sur les productions agricoles (qui sera interdit en France par la loi de réforme bancaire et financière) et donc de volatibilité des prix.
2) La géopolitique agricole s’inscrit dans la géopolitique générale
Il n’y a pas encore de «communauté internationale» mais un monde multipolaire instable, une compétition généralisée avec peu de règles et le poids exorbitant des marchés.
– La géopolitique agricole met en compétition quelques puissances très productrices et exportatrices (d’abord le Brésil mais aussi plusieurs autres émergents de taille moyenne) avec les producteurs classiques et place sous pression les producteurs européens et en particulier français, et la PAC elle-même.
– Ajoutons à cela le goût croissant pour le sucré en Asie et le débat sucre/ santé publique.

3) Donc pour vous, les principaux enjeux sont clairs
– La bataille du budget 2013-2020, ce qui comprend la défense de la PAC contre ses adversaires externes (groupe de Cairns, créé en Australie – il y a 25 ans– avec l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’ Amérique Latine; mais aussi la Thaïlande; et l’OMC en général). Et internes: la Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark, des ONG anti-productivistes, etc…
– Il faudra tenir compte aussi de Barroso et du commissaire Dacian Solios.
Au final, la PAC sera préservée, mais réformée avec une part moins importante du budget. La pression pour l’écologisation et donc pour une agriculture plus raisonnée sera croissante, c’est inéluctable. C’est un peu enjeu majeur pour la France, il lui faudra des alliés.

– Votre enjeu, c’est ensuite le retour (ou l’entrée) sur le marché mondial, peut être dès 2015 (c’est la position de la commission) dans le meilleur des cas, et en 2020 au plus tard (position du Conseil et du Parlement).
J’ai entendu tout à l’heure que votre profession en est consciente et s’y prépare.

– Dans ce monde de 2015-2020, où vous serez sur le marché mondial, quel sera-t-il?
– Ce sera toujours la compétition sur tous les plans mais elle sera peut être un peu plus régulée à la fois entre pôles, et générale (il y a des dizaines d’émergents).
– Les États-Unis seront toujours numéro 1, mais sous pression.
La Chine sera en mutation, plus ou moins contrôlée.
Le Brésil et l’Inde sont ambitieux, mais jusqu’oùau-delà de leur région?
Beaucoup d’autres émergents moyens et petits…
Le Japon sera toujours là.
La Russie sera toujours incertaine entre surnageant et émergent.
L’Europe sera toujours incertaine (zone euro plus organisée, mais pas de vrai fédéralisme, plutôt une «fédération d’États nations»).
L’Afrique connaîtra un développement rapide, plus ou moins anarchique.
La position idéale pour les occidentaux: un accord entre européens, puis avec les États-Unis, et avec un ou deux émergents sur chaque sujet, au cas par cas pour éviter la coalition des émergents.
Conclusion
– Le monde ouvert est irréversible, mais cette ouverture peut comporter plus de règles commerciales, sociales, financières, écologiques, etc…
Il y aura toujours une PAC, mais avec un budget réduit et donc l’obligation d’être très compétitifs dans la production, la transformation et l’exportation.
– Cela devrait vous conduire à prospecter les marchés extérieurs, à conduire des alliances, y compris au Brésil (Certains d’entre vous le font déjà). Je ne peux que vous encourager dans cette voie.
Un dernier mot sur l’écologisation: elle est, je le répète, inéluctable. Elle concernera l’agriculture comme l’industrie, les transports, l’habitat, etc.…). La pression sera de plus en plus forte, de plus en plus contraignante (peut être trop?). Mais le mieux pour vous est de vous adapter, voire d’anticiper, car tôt ou tard le degré d’écologisation deviendra un facteur de compétitivité internationale.
Vous faites parties des atouts de la France.
Espérons que l’Europe, qui n’est souvent pas assez consciente de ses intérêts et de ses atouts, sera plus lucide, et que les pouvoirs publics vous apporteront le soutien nécessaire.
La France a intérêt à ce que vous soyez forts.

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11/12/2012