«Leçon inaugurale» prononcée par Hubert Védrine à l’ouverture du Forum de Paris le vendredi 27 mars 2009

Une fois de plus, à l’invitation amicale d’Albert Mallet, qui est l’âme de ce Forum, j’ai l’honneur et le privilège de m’adresser à vous. Laissez moi préciser d’emblée que même si une tradition maintenant établie intitule «leçon inaugurale» cette intervention initiale, je me garderais bien ici de faire la leçon à qui que ce soit. Nous sommes ici, réunis par une passion commune: la Méditerranée. Je suis heureux de partager avec vous quelques réflexions sur le contexte général qui est le notre en cette fin de mois de mars 2009 et apporter dans notre réunion le regard de la géopolitique.

1/ Je commence par un rappel: Le monde avant la crise était marqué par:

– La poursuite depuis longtemps d’une croissance mondiale très forte (sauf en Europe), accompagnée cependant d’une explosion des inégalités et de coûts écologiques croissants, de plus en plus insupportables.
– La montée en puissance de plusieurs dizaines de pays émergents dont cinq ou six véritables puissances, et la relativisation corrélative et relative de la puissance des occidentaux, quoi qu’ils restent pour longtemps les plus riches et les plus puissants.
– Une pression migratoire très forte aussi bien Sud – Sud que Sud – Nord.
– Une relation toujours difficile Occident – Islam avec bien des inquiétudes et des préventions symétriques, malgré les efforts de dialogue de beaucoup de leaders d’organisations et de personnalités morales.
– Une politique étrangère de l’administration Bush affaiblie et en fin de course, mais toujours néfaste.
– La poursuite imperturbable en Israël de la politique de colonisation des territoires palestiniens, et l’absence persistante de tout processus de solution.
– La stagnation de l’Union du Maghreb Arabe.
– Des incertitudes persistantes quant à l’avenir de l’Union Européenne: sur les institutions (Nice ou Lisbonne)? sur la Géographie? sur son projet: l’Europe, puissance ou non?
– Des stratégies spécifiques de chaque pays du Sud envers l’UE.
– Un processus de Barcelone qui avait eu des mérites mais qui semblait épuisé.

2/ C’est dans ce contexte que le Président Sarkozy a lancé en 2007 l’idée d’une Union Pour la Méditerranée.

Cette idée, et le concept même «d’Union» a:
– éveillé un grand espoir chez de nombreux responsables et une grande partie des opinions du Sud
– elle a préoccupé des institutions européennes ou des pays européens qui ont craint d’être laissés à l’écart du processus
– elle a entraîné des interrogations pratiques et utilitaires chez la plupart des participants potentiels
– des compromis ont été passés et des adaptations ont été faites. Une synthèse a été trouvée entre l’UPM et le processus de Barcelone. Cela a permis que cette idée puisse être lancée au sommet du 14 Juillet 2008, au début de la Présidence française
– elle a butté ensuite sur des difficultés politiques et des désaccords entre les 43 membres, d’ailleurs prévisibles et peut-être provisoires, pour l’organisation et la répartition des postes,
– difficultés évidement aggravées par la guerre qui a été menée à Gaza (du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009) par l’armée israélienne.
Beaucoup de pays, à commencer par la France, travaillent cependant à surmonter ces obstacles pour que l’UPM aille de l’avant.

3. Deux éléments nouveaux sont intervenus et modifient ce contexte: l’élection d’Obama et la crise.

[s]A. L’Election d’Obama [/s]
Pour tous ceux qui sont attachés à l’idée euro méditerranéenne, l’élection de Barack Obama a soulevé de grands espoirs. Pour beaucoup d’autres aussi, mais je me concentre ce soir sur notre sujet. Par son dogmatisme et son manichéisme (le combat du Bien et du Mal), en ratant toutes les occasions, par exemple le plan de paix arabe ou le rapport Baker Hamilton, en laissant carte blanche à la politique israélienne la plus fermée, en imposant des élections à Gaza tout en en refusant le résultat, l’administration Bush a tout aggravé, tout envenimé. Elle n’est pas la seule – personne n’oublie le terrorisme – mais elle a contribué gravement à la détérioration de l’image de l’occident dans le monde arabe et réciproquement, et donc hypothéqué le projet méditerranéen dans son ensemble.

Sur ces décombres, Barack Obama a entrepris de rebâtir une politique étrangère digne de ce nom. Il veut restaurer le leadership américain mais il a l’air conscient de la réalité multipolaire. Il a déjà adopté un ton radicalement différent dans la relation Islam-Occident, par exemple avec l’Iran. Il a déclaré que le statu quo entre Israéliens et Palestiniens était intenable. Il a manifestement une vision de l’avenir de cette région, une ambition, de l’intelligence. Il aura besoin de tout son talent pour surmonter les obstacles que les partisans du statu quo vont dresser sur sa route, pour résister aux provocations et garder son cap. Tous les hommes de bonne volonté doivent l’aider.
La solution ne peut en effet naître d’Israël seul, avec son système électoral, surtout avec ce gouvernement. Et encore moins des Palestiniens brisées et divisées à dessein. L’Europe doit être disponible et utile. Mais si le nouveau Président rend à nouveau crédible la solution de deux états, et met son poids dans la balance, dans l’intérêt de tous les peuples de la région, l’idée d’UPM trouvera dans la foulée une force irrésistible.
Donc, en ce printemps 2009, il n’est pas interdit d’espérer…prudemment.
Le règlement de la question palestinienne ne ferait pas disparaître tous les problèmes de la zone, mais son non règlement hypothèque tout!

[s]B. La Crise[/s]
La crise n’était pas obsessionnellement présente dans tous les esprits lors de votre dernier Forum il y a un an. Aujourd’hui elle l’est. C’est la première crise globale de l’économie financière mondiale dérégulée.
Toute l’Union Européenne est touchée. Plusieurs pays européens, notamment ceux de l’Est et du Sud sont frappés de plein fouet. La fragilité des fondements de leur croissance des dernières années apparaît au grand jour. Leurs dirigeants se consacrent en priorité aux mesures de relance et aux nouvelles mesures de régulation, qui seront au cœur des débats du G20 à Londres dans huit jours, G20 qui par sa seule existence est une concrétisation de la réalité multipolaire en formation. On mesure les attentes qu’il suscite! Le financement à crédit de l’ensemble de l’économie mondiale s’étant brusquement interrompu, une partie du financement des projets est devenu de ce fait problématique. Notons cependant que plusieurs pays du sud, moins incorporés dans la sphère financière globale dérégulée que les européens, sont de ce fait moins exposés. Ce qui était présenté comme un retard se révèle avoir été une opportune protection. Personne ne connaît à ce stade les conditions et le calendrier de la sortie de la crise. Sauf qu’elle ne se fera pas à l’identique des trois décennies de croissance déréglée et à crédit risqué que nous avons vécues. Elle sera progressive, et différente.

4. La nécessité de trouver des formes modernes de coopération des riverains du Nord et du Sud reste impérative.

Voila donc où nous en sommes.
Quel que soit le destin de la nouvelle politique étrangère américaine, quelles que soient la durée de la crise et les conditions de la sortie, à moins qu’il n’y en ait pas et que ce soit plutôt une mutation, les données de base de notre entreprise ne changent pas: organiser la complémentarité entre la jeunesse des marchés et l’énergie du Sud, et la technologie, l’organisation et la gouvernance du Nord. Combiner les financements dans des mécanismes adéquats et plus efficaces, ce qui supposera un accord avec la Commission. Surmonter par une grande ambition et de grands projets les pseudo fatalités de l’histoire, les malentendus et les préjugés.

Nous tous participants au Forum, espérons que la réunion prochaine de la Ligue Arabe, à Doha, sera constructive et que cela relancera l’UPM. Que les présidences égyptiennes et françaises et celles, au sud et au nord, qui leur succèderont maintiendront l’élan politique jusqu’au sommet de 2010 et que de grands projets se concrétiseront sans tarder. On parle d’un Plan Solaire, d’un Fonds d’investissement dans les PME/PMI, entre autres. Et personne n’oublie l’urgence de la dépollution de notre Mare Nostrum qui ne doit pas devenir une Mer morte.

C’est dans cet esprit et pour apporter sa pierre à ce grand édifice, comme il le fait chaque année, que le Forum de Paris a décidé cette année de concentrer ses travaux sur tout ce qui peut, au sens propre du terme, «sauver la Méditerranée» – le terme n’est pas trop fort – sous tous les angles. Eau, énergie, climat, catastrophes naturelles, santé, agriculture, pêche, autoroutes maritimes, urbanisation, tout sera débattu pendant ces trois jours. Et une fois de plus, des rencontres et des échanges, des expériences et des témoignages, du savoir faire et des réflexions, naîtront des idées et des projets que les responsables du Forum feront connaître aux autorités politiques et économiques et qui viendront nourrir ce grand courant euro méditerranéen auquel vous croyez et que vous incarnez ce soir. Quel meilleur terrain pour cela que celui de ce développement que nous voulons désormais durable pour surmonter tous les obstacles et conclure entre tous les peuples de la Méditerranée un pacte d’avenir? Tout va se jouer maintenant sur la capacité à monter les projets. Je m’adresse aux participants: soyez audacieux, soyez inventifs, soyez concrets!

Bon Forum 2009!

Hubert Védrine

«Leçon inaugurale» prononcée par Hubert Védrine à l’ouverture du Forum de Paris le vendredi 27 mars 2009

Hubert Vedrine

«Leçon inaugurale» prononcée par Hubert Védrine à l’ouverture du Forum de Paris le vendredi 27 mars 2009

Une fois de plus, à l’invitation amicale d’Albert Mallet, qui est l’âme de ce Forum, j’ai l’honneur et le privilège de m’adresser à vous. Laissez moi préciser d’emblée que même si une tradition maintenant établie intitule «leçon inaugurale» cette intervention initiale, je me garderais bien ici de faire la leçon à qui que ce soit. Nous sommes ici, réunis par une passion commune: la Méditerranée. Je suis heureux de partager avec vous quelques réflexions sur le contexte général qui est le notre en cette fin de mois de mars 2009 et apporter dans notre réunion le regard de la géopolitique.

1/ Je commence par un rappel: Le monde avant la crise était marqué par:

– La poursuite depuis longtemps d’une croissance mondiale très forte (sauf en Europe), accompagnée cependant d’une explosion des inégalités et de coûts écologiques croissants, de plus en plus insupportables.
– La montée en puissance de plusieurs dizaines de pays émergents dont cinq ou six véritables puissances, et la relativisation corrélative et relative de la puissance des occidentaux, quoi qu’ils restent pour longtemps les plus riches et les plus puissants.
– Une pression migratoire très forte aussi bien Sud – Sud que Sud – Nord.
– Une relation toujours difficile Occident – Islam avec bien des inquiétudes et des préventions symétriques, malgré les efforts de dialogue de beaucoup de leaders d’organisations et de personnalités morales.
– Une politique étrangère de l’administration Bush affaiblie et en fin de course, mais toujours néfaste.
– La poursuite imperturbable en Israël de la politique de colonisation des territoires palestiniens, et l’absence persistante de tout processus de solution.
– La stagnation de l’Union du Maghreb Arabe.
– Des incertitudes persistantes quant à l’avenir de l’Union Européenne: sur les institutions (Nice ou Lisbonne)? sur la Géographie? sur son projet: l’Europe, puissance ou non?
– Des stratégies spécifiques de chaque pays du Sud envers l’UE.
– Un processus de Barcelone qui avait eu des mérites mais qui semblait épuisé.

2/ C’est dans ce contexte que le Président Sarkozy a lancé en 2007 l’idée d’une Union Pour la Méditerranée.

Cette idée, et le concept même «d’Union» a:
– éveillé un grand espoir chez de nombreux responsables et une grande partie des opinions du Sud
– elle a préoccupé des institutions européennes ou des pays européens qui ont craint d’être laissés à l’écart du processus
– elle a entraîné des interrogations pratiques et utilitaires chez la plupart des participants potentiels
– des compromis ont été passés et des adaptations ont été faites. Une synthèse a été trouvée entre l’UPM et le processus de Barcelone. Cela a permis que cette idée puisse être lancée au sommet du 14 Juillet 2008, au début de la Présidence française
– elle a butté ensuite sur des difficultés politiques et des désaccords entre les 43 membres, d’ailleurs prévisibles et peut-être provisoires, pour l’organisation et la répartition des postes,
– difficultés évidement aggravées par la guerre qui a été menée à Gaza (du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009) par l’armée israélienne.
Beaucoup de pays, à commencer par la France, travaillent cependant à surmonter ces obstacles pour que l’UPM aille de l’avant.

3. Deux éléments nouveaux sont intervenus et modifient ce contexte: l’élection d’Obama et la crise.

[s]A. L’Election d’Obama [/s]
Pour tous ceux qui sont attachés à l’idée euro méditerranéenne, l’élection de Barack Obama a soulevé de grands espoirs. Pour beaucoup d’autres aussi, mais je me concentre ce soir sur notre sujet. Par son dogmatisme et son manichéisme (le combat du Bien et du Mal), en ratant toutes les occasions, par exemple le plan de paix arabe ou le rapport Baker Hamilton, en laissant carte blanche à la politique israélienne la plus fermée, en imposant des élections à Gaza tout en en refusant le résultat, l’administration Bush a tout aggravé, tout envenimé. Elle n’est pas la seule – personne n’oublie le terrorisme – mais elle a contribué gravement à la détérioration de l’image de l’occident dans le monde arabe et réciproquement, et donc hypothéqué le projet méditerranéen dans son ensemble.

Sur ces décombres, Barack Obama a entrepris de rebâtir une politique étrangère digne de ce nom. Il veut restaurer le leadership américain mais il a l’air conscient de la réalité multipolaire. Il a déjà adopté un ton radicalement différent dans la relation Islam-Occident, par exemple avec l’Iran. Il a déclaré que le statu quo entre Israéliens et Palestiniens était intenable. Il a manifestement une vision de l’avenir de cette région, une ambition, de l’intelligence. Il aura besoin de tout son talent pour surmonter les obstacles que les partisans du statu quo vont dresser sur sa route, pour résister aux provocations et garder son cap. Tous les hommes de bonne volonté doivent l’aider.
La solution ne peut en effet naître d’Israël seul, avec son système électoral, surtout avec ce gouvernement. Et encore moins des Palestiniens brisées et divisées à dessein. L’Europe doit être disponible et utile. Mais si le nouveau Président rend à nouveau crédible la solution de deux états, et met son poids dans la balance, dans l’intérêt de tous les peuples de la région, l’idée d’UPM trouvera dans la foulée une force irrésistible.
Donc, en ce printemps 2009, il n’est pas interdit d’espérer…prudemment.
Le règlement de la question palestinienne ne ferait pas disparaître tous les problèmes de la zone, mais son non règlement hypothèque tout!

[s]B. La Crise[/s]
La crise n’était pas obsessionnellement présente dans tous les esprits lors de votre dernier Forum il y a un an. Aujourd’hui elle l’est. C’est la première crise globale de l’économie financière mondiale dérégulée.
Toute l’Union Européenne est touchée. Plusieurs pays européens, notamment ceux de l’Est et du Sud sont frappés de plein fouet. La fragilité des fondements de leur croissance des dernières années apparaît au grand jour. Leurs dirigeants se consacrent en priorité aux mesures de relance et aux nouvelles mesures de régulation, qui seront au cœur des débats du G20 à Londres dans huit jours, G20 qui par sa seule existence est une concrétisation de la réalité multipolaire en formation. On mesure les attentes qu’il suscite! Le financement à crédit de l’ensemble de l’économie mondiale s’étant brusquement interrompu, une partie du financement des projets est devenu de ce fait problématique. Notons cependant que plusieurs pays du sud, moins incorporés dans la sphère financière globale dérégulée que les européens, sont de ce fait moins exposés. Ce qui était présenté comme un retard se révèle avoir été une opportune protection. Personne ne connaît à ce stade les conditions et le calendrier de la sortie de la crise. Sauf qu’elle ne se fera pas à l’identique des trois décennies de croissance déréglée et à crédit risqué que nous avons vécues. Elle sera progressive, et différente.

4. La nécessité de trouver des formes modernes de coopération des riverains du Nord et du Sud reste impérative.

Voila donc où nous en sommes.
Quel que soit le destin de la nouvelle politique étrangère américaine, quelles que soient la durée de la crise et les conditions de la sortie, à moins qu’il n’y en ait pas et que ce soit plutôt une mutation, les données de base de notre entreprise ne changent pas: organiser la complémentarité entre la jeunesse des marchés et l’énergie du Sud, et la technologie, l’organisation et la gouvernance du Nord. Combiner les financements dans des mécanismes adéquats et plus efficaces, ce qui supposera un accord avec la Commission. Surmonter par une grande ambition et de grands projets les pseudo fatalités de l’histoire, les malentendus et les préjugés.

Nous tous participants au Forum, espérons que la réunion prochaine de la Ligue Arabe, à Doha, sera constructive et que cela relancera l’UPM. Que les présidences égyptiennes et françaises et celles, au sud et au nord, qui leur succèderont maintiendront l’élan politique jusqu’au sommet de 2010 et que de grands projets se concrétiseront sans tarder. On parle d’un Plan Solaire, d’un Fonds d’investissement dans les PME/PMI, entre autres. Et personne n’oublie l’urgence de la dépollution de notre Mare Nostrum qui ne doit pas devenir une Mer morte.

C’est dans cet esprit et pour apporter sa pierre à ce grand édifice, comme il le fait chaque année, que le Forum de Paris a décidé cette année de concentrer ses travaux sur tout ce qui peut, au sens propre du terme, «sauver la Méditerranée» – le terme n’est pas trop fort – sous tous les angles. Eau, énergie, climat, catastrophes naturelles, santé, agriculture, pêche, autoroutes maritimes, urbanisation, tout sera débattu pendant ces trois jours. Et une fois de plus, des rencontres et des échanges, des expériences et des témoignages, du savoir faire et des réflexions, naîtront des idées et des projets que les responsables du Forum feront connaître aux autorités politiques et économiques et qui viendront nourrir ce grand courant euro méditerranéen auquel vous croyez et que vous incarnez ce soir. Quel meilleur terrain pour cela que celui de ce développement que nous voulons désormais durable pour surmonter tous les obstacles et conclure entre tous les peuples de la Méditerranée un pacte d’avenir? Tout va se jouer maintenant sur la capacité à monter les projets. Je m’adresse aux participants: soyez audacieux, soyez inventifs, soyez concrets!

Bon Forum 2009!

Hubert Védrine

source:https://www.hubertvedrine.net Homepage > Publications > «Leçon inaugurale» prononcée par Hubert Védrine à l’ouverture du Forum de Paris le vendredi 27 mars 2009
27/03/2009